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Les aventures africaines de Claire et Chloé
Les aventures africaines de Claire et Chloé
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28 novembre 2008

Bonjour !Nous voilà bel et bien installées dans

Bonjour !
Nous voilà bel et bien installées dans notre ville/vie africaine.
Ces derniers jours ont été encore une fois très intensifs, car dans notre bourgade
burkinabè nommée Koudougou se jouait un festival appelé les nuits atypiques de Koudougou,
autant vous dire que c’est l’événement de l’année.
Chanceuses comme nous sommes, le centre où nous sommes hébergées se retrouve être le
centre où logent la majorité des artistes du festival. Et notre qualité d'étrangères se
fait  aussitôt ressentir : tous les grands noms de la scène africaine qui se retrouvent
là à répéter et à bouffer jusqu’au bout de la nuit nous invitent dans leur cercle joyeux
comme si nous faisions partie de la famille. Nous partageons avec eux des moments
inoubliables de musique, de rigolade, de discussions qui peuvent aller jusqu’à l’aube.
Exemple, un soir parmi d'autres, une nuit plutôt, alors qu'on a déjà plein de musique
dans la tête, les voilà la symphonie de la Kora, un groupe à la renommée internationale
(ils jouent pour des grands politiciens africains...)sortent leurs superbes koras nous
tombons sous le charme. Il est pas d'heure du matin et on s'endort avec les chants d'une
famille de griot. "Et dans votre spectacle vous n’auriez pas besoin d’un peu de Kora ?"
La proposition est belle mais nous n’en sommes pas encore là, mais c’est promis nous nous
retrouverons à Bamako !
Les spectacles eux aussi sont beaux, émouvants. Mais le public est principalement
étranger car même ici si la place équivaut à 1,5 euro, ici c’est une fortune.
Lorsque nous buvons le thé avec nos amis du quartier nous réalisons à quel point nous
sommes privilégiées : un des seul gars qui travaille dans ce cercle d’amis nous donne
une idée du décalage qui existe : il est maçon et pour une journée de travail il gagne
750 francs CFA soit 1,15 euro et quand avec ça il faut faire vivre la famille,
la culture devient un luxe.

Hier soir le festival accueillait une star :Alpha Blondy, la ville en est toute remuée,
tout le monde en parle mais rares sont ceux qui ont les moyens de se payer un billet :
3000 francs CFA, soit 4,5 euros. Nous entrons au concert avec un goût amer : nous avons
dû passer à travers la population ameutée devant le stade où se jouait le concert,
une population qui se prépare à écouter de loin un concert qui leur est inaccessible.
Le stade est bien sûr à peine rempli etun périmètre de sécurité immense sépare la
scène du public.
KoudbiKoala, (le fondateur du festival avec qui nous avons des liens privilégiés) monte
sur scène et commence à parler, il parle de solidarité, d’une solidarité nécessaire
pour le changement, son disours est beau mais il devient réellement magnifique quand
il déclare que ce soir il ouvrira les portes du stade pour que tout le monde puisse
assister au spectacle.
Un murmure parcours le public, ceux qui ont payé leur place ne savent pas trop quoi
penser de cela. Et puis les portes s’ouvrent et des visages heureux arrivent, les gens
sautent de joie, serrent les mains et une excitation nouvelle parcoure la foule.
Il y a de la joie, de la vraie joie, le spectacle peut commencer.
Alpha Blondy arrive et tel un prophète déclare qu’il faut supprimer le périmètre de
sécurité qu’il y a entre lui et le public. Les barrières sont renversées et l’émotion
est à son comble. Il y a comme quelque chose de révolutionnaire dans ces portes ouvertes
et ces barrières renversées, dans ces visages heureux et cette musique festive.
Le public est si réactif «les urnes pas les armes» crie la star, des milliers de mains
se lèvent et acclament ces paroles. Il y a des moments comme ça où se dit qu'on ne voudrait
être nulle part ailleurs.
Ca c'est les hauts mais il y aussi les bas,là où on se dit mais j'aimerais être partout
sauf ici. Oui ça arrive aussi,quand on on a le corps qui ne veut plus rien manger, plus
rien faire, trop déboussolé pour se sentir bien, les assauts de vendeurs qui te suivent
pendant des heures obstinés à te vendre un collier parce qu'ils n'ont rien dans le ventre
depuis des jours et que tu es leur seul espoir... 
Et des déceptions aussi quand, par exemple on découvre que l'école avec qui nous
travaillons a un but plus lucratif que social.

Claire et Chloé
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